La start-up Meero surfe sur la demande de photos pour alimenter une croissance météorique

Paris, le 19 mai 2019 - De 50 salariés il y a un an et demi à 600 aujourd'hui et 1 200 prévus à la fin de l'année: la start-up parisienne Meero connaît une croissance fulgurante en vendant à des groupes internationaux des reportages photo dans le monde entier.

Dans les murs de l'ancien siège parisien du Crédit Lyonnais qui accueille aujourd'hui les locaux de Meero, des trentenaires par centaines œuvrent derrière leurs écrans dans de grand bureaux paysagers.

Ils animent un réseau de 50 000 photographes à travers le monde, en s'aidant d'outils informatiques de pointe: une plateforme internet pour gérer toutes les relations avec les photographes sur le terrain, et des outils d'intelligence artificielle qui permettent de retravailler automatiquement les clichés.

Parmi les clients de Meero, des plateformes internet comme Booking, Expedia, Deliveroo, ou des groupes internationaux comme l'Oréal ou Louis Vuitton qui ont besoin de photographier leurs produits ou leurs sites dans le monde entier, avec un cahier des charges qui reste partout le même.

"Ce que nous cherchons, c'est que la photo montre tout ce qu'un être humain sur place verrait", indique Jean-François Goudou, un ancien de Thales qui dirige aujourd'hui la recherche en intelligence artificielle chez Meero, cellule qui compte une vingtaine de spécialistes.

Pour expliquer le traitement automatique de l'image mis au point par Meero, il montre la photo du séjour d'une villa de rêve au bord de la mer. L'image a été produite en combinant, grâce à l'intelligence artificielle, des photos avec différentes valeurs d'exposition, pour que soient bien visibles à la fois l'intérieur de la pièce et le paysage derrière les fenêtres.

Les couleurs sont également rehaussées quand nécessaire, et la géométrie de l'image ajustée. 

L'intelligence artificielle a permis à Meero de connaître cette hyper-croissance, avec aujourd'hui des bureaux à New York, Tokyo, Bangalore (Inde), et Shanghai, explique Thomas Rebaud, fondateur et patron de Meero, l'un des grands témoins invités par le salon des start-up VivaTech 2019.

Sans l'IA, "on ne pourrait pas faire les millions d'images qu'on livre par mois, ou alors il faudrait des milliers de retoucheurs, ce ne serait pas possible", raconte-t-il. "On nous demande dans la journée les photos d'un hôtel à Dubaï, on est capable de livrer le lendemain le reportage", assure-t-il.

- Photos de mariage -

La numérisation et l'automatisation s'étendent à d'autres partie du métier: Meero propose depuis deux mois à ses photographes un outil qui prend en charge leur comptabilité et leur gestion des relations clients (CRM).

Thomas Rebaud prévoit que Meero atteindra les 3 000 salariés à la fin de 2020, avec un élargissement continu de son périmètre d'action sur le marché de la photo.

L'entreprise depuis peu travaille également avec les plateformes de commerce en ligne, et lance une activité de photos de mariage. Le jeune patron prévoit également le lancement très prochain d'un magazine photo, sans vouloir en dire plus. 

Son objectif reste avant tout, explique-t-il, d'apporter du chiffre d'affaires aux photographes dont le statut est souvent précaire. Les reportages demandés par Meero "ne sont pas des missions enthousiasmantes" pour un photographe. Mais ces "huit ou neuf missions par mois" permettent de générer un revenu appréciable et laissent du temps pour des activités plus créatives ou personnelles, ajoute-t-il.   

Aujourd'hui les photographes qui travaillent avec Meero ont un revenu de "quasiment un millier d'euros par mois en moyenne", et "l'objectif est d'arriver à 2 000 euros", affirme-t-il.

Le reportage de presse fait-il partie des objectifs? "Pour l'instant, non. On a tellement de trucs à faire que ce n'est pas du tout un enjeu pour nous", répond Thomas Rebaud. 

 

Source: Laurent Barthelemy, AFP 

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